Liberté, égalité, anxiété : pourquoi les Français sont-ils pessimistes ?
C’est une énigme qui a la vie dure. Comment est-il possible que la France, mondialement réputée pour sa joie de vivre, soit atteinte d’une telle morosité ? Manque de confiance dans l’avenir, rejet vis-à-vis de la classe politique, scepticisme dans le système d’éducation et dans l’Etat providence, le pessimisme envahit tous les domaines de la vie française.
Les Français, ces bons vivants, seraient-ils aussi d’incorrigibles grincheux ? Derrière leurs incessantes diatribes se trame un mal, dont les racines ont à voir avec l’identité et la culture du pays. Du moins c’est ce que laissent entendre de nombreuses enquêtes internationales.
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Un paradoxe français
Un sondage du réseau Gallup, mené en 2014 dans 51 pays, consacre la France championne du monde du pessimisme, loin devant les Afghans ou même les Irakiens. L’étude révèle que seulement 17% des Français pensent que l’année 2015 sera meilleure que l’année 2014.
Selon l’économiste Claudia Senik, dans son ouvrage ‘L’économie du bonheur’, ils sont aussi heureux en France qu’ailleurs. De la même manière, le Belgique, ne souffrent pas nécessairement de ce pessimisme français.
Senik remarque que, malgré un accès gratuit aux soins médicaux, à l’éducation et à des équipements de qualité, les Français sont atteints d’une mélancolie profondément ancrée. Si elle n’est pas liée aux conditions de vie – enviables pour une bonne partie des autres pays du globe – d’où vient alors cette inaptitude au bonheur, à la confiance et à l’optimisme ?
Un système d’éducation encore trop rigide
Selon une étude de l’OCDE de 2009 sur le bien-être des enfants de ses 34 pays membres, la France arrive en 23ème position sur la mesure du bien-être éducationnel et en 22ème position pour la qualité de la vie scolaire. Il semble donc que le mal-être des Français prenne ses racines, parmi d’autres facteurs, très tôt à l’école.
Le système français, ultra-compétitif, repose sur une évaluation discriminatoire, qui valorise les bonnes notes, encourage les bons élèves, tout en délaissant les plus fragiles. Un système à deux vitesses.
Peter Gumbel, auteur de ‘French Vertigo’, dresse un panorama assez alarmiste du système scolaire français dans son livre, ‘On achève bien les écoliers’. Il y dénonce ‘‘une culture impitoyable et parfois humiliante, qui a sacralisé des évaluations mettant les élèves sous-pression, tout en traitant sans ménagement la notion de motivation individuelle. ‘’
On est loin du modèle anglo-saxon ou scandinave, basé sur l’encouragement et non sur la punition. L’éducateur américain, par exemple, qu’il soit professeur ou parent, encourage constamment l’enfant que ce soit en sport ou dans les études, même si son niveau n’atteint pas l’excellence. Très tôt dans le parcours scolaire, la participation et les travaux de groupe prennent une place importante. L’enfant développe une confiance en lui qui sera un acquis important tout au long de sa vie.
une culture impitoyable et parfois humiliante, qui a sacralisé des évaluations mettant les élèves sous-pression…
L’inquiétude, au contraire, c’est ce qui caractérise les élèves français, si l’on en croit les sondages internationaux qui les décrivent comme particulièrement anxieux. Selon une étude de l’OCDE, les élèves français font partie des plus stressés en mathématiques par exemple. De là à voir chez l’actuel adulte pessimiste l’ancien écolier stressé, il n’y a qu’un pas.
Une jeunesse plus optimiste ?
Fort heureusement, il existe des signes plus qu’encourageants, -notamment si on s’intéresse à la génération Z.
D’après le philosophe Michel Serres, n’ayant connu qu’un monde en réseau et ayant grandi dans l’ère du digital, la génération Z, dans sa ‘‘manière d’être – à la fois connectée, horizontale et créative – innerve tout dans notre société’’.
Serres brosse leur portrait de cette jeune génération dans ‘Petite Poucette’. Beaucoup d’entre eux sont passés par la case ‘étranger’ durant leurs études, pour leur stage ou pour leur premier emploi. Pour eux, c’est l’occasion de se frotter à une autre réalité, offrant des perspectives de vie et d’emplois souvent plus engageantes.
Leurs modèles dépassent aussi largement les frontières françaises. Elevée sur fond de success-stories, comme celle de Marc Zuckerberg, le PDG de Facebook, cette jeunesse est en train d’assister à l’effondrement des vieux modèles économiques, politiques, sociétaux et éducatifs.
L’audace, la créativité et le pragmatisme de cette nouvelle génération, sont peut-être déjà en train de faire souffler sur le pays un nouveau vent d’optimisme.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Les Français sont-ils trop pessimistes ? Partagez votre opinion dans les commentaires ci-dessous.
Image credits:
1 & 3 © Florence Harang.
2. “Bercy, Paris 01” by Mortimer62 – Flickr. Licensed under CC BY-SA 2.0 via Wikimedia Commons.
4. French Program by The Pulitzer Foundation for the Arts, via Flickr.
C’est vrai, une chose que j’ai remarqué sur tous mes amis français. Historiquement, la france avait subi beaucoup de guerres pendants les siècles. Donc, l’idée d’un bon avenir est presque impossible.
C’est extrêmement triste, j’suis d’accord avec vous Mytch. Mais le peuple français ne peut pas vivre comme ce pays de tristesse. J’ai confiance en l’avenir